Laurent Nunez, Le mode avion

Parution 19 août 2021
Éditions Actes Sud

Un de ces livres qui vous incitent à vous mettre en « mode avion »… le temps de sa lecture !
Drôle, extravagant, savant, savoureux et tragique, tout à la fois !


L’auteur
Laurent Nunez a été professeur de lettres, critique littéraire, rédacteur en chef du Magazine littéraire. Il est désormais éditeur et écrivain. On lui doit des ouvrages passionnants sur le pouvoir de la littérature, comme Les Récidivistes (Rivages poche, 2008), L’Énigme des premières phrases (Grasset, 2017), et Il nous faudrait des mots nouveaux (Les éditions du Cerf, 2018).

La présentation de l’éditeur
L’épopée tragicomique d’Étienne Choulier et de Stefán Meinhof – soit la vie et l’œuvre de deux linguistes anachorètes guettant l’éclair de génie et se jalousant jusqu’à un duel funeste. Deux aventuriers modernes de la langue française, qui se font la promesse d’en révéler les trésors insoupçonnés, et d’offrir à la postérité de nouvelles théories du langage, aussi inattendues qu’inoubliables.

L’avis de Désirdelire (Evelyne)

Bouvard et Pécuchet brillamment réinventés par Laurent Nunez ! Une histoire d’amitié et malgré tout de rivalité entre deux hommes, deux universitaires qui vont s’installer au fin fond de la campagne, pour y vivre en « mode avion » avec l’idée de découvrir une théorie complètement nouvelle sur le langage qui fera leur gloire. Ils compulsent les livres de leur bibliothèque, mais à quoi bon ? « J’ai lu tous les livres… » Un clin d’oeil mallarméen. La solution : un « bel autodafé » et dès lors : « Cherchons, mais en nous-mêmes à présent et non plus dans les livres. » clame Choulier.
« Et c’est alors qu’hilares, ivres (ou peut-être également fous), tous deux se mirent à danser autour des flammes qui faisaient de même. »
Nourri de références littéraires, sans en être le moins du monde alourdi, bien au contraire, le texte est aussi une réflexion historico-philosophique sans que jamais l’auteur ne se pose lui-même en théoricien : les personnages et les situations ne sont pas de papier, mais de chair et de sang.
L’histoire est drôle, extravagante, savoureuse et aussi tragique, dans le contexte de la Seconde guerre mondiale.
Quant à l’auteur- narrateur, à la fois dans et hors de l’histoire, il se joue du lecteur et des codes romanesques avec brio.
Un de ces livres qui vous incitent à vous mettre en mode avion… le temps de la lecture !

Les clés du roman sont dans cet extrait !
« Et voilà : sans livres, sans collègues, sans élèves, sans amours ni amis, sans contraintes et sans horaires, sans radio ni téléphone, sans même de boîte aux lettres, sans donc rien de ce qui aurait pu les empêcher de réfléchir autant qu’ils voulaient, Choulier et Meinhof crurent qu’ils allaient enfin réfléchir autant qu’ils le voulaient. Il n’y avait plus rien, absolument plus rien autour d’eux ! – rien que le silence pour entendre le langage… Le ciel lui-même, durant ces premiers mois de 1939, avait perdu ses longs nuages. Tout était bleu par-dessus les montagnes. Tout était vide. Et puis l’air piquait terriblement les narines, le vent mordait les visages et les cous, les écharpes demeuraient inutiles, les bonnets et les gants paraissaient vains : l’hiver ici n’a rien de l’hiver parisien. C’est une saison terriblement pure, c’est-à-dire terriblement morte, où tout semble figé dans le gel et l’ennui. Les gens hibernent alors tout autant que les animaux. Dieu lui-même semble frileux : la nuit tombe si tôt qu’on se demande certains soirs s’il a vraiment fait jour. »


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