Une écriture sensible et délicate pour dire de manière saisissante
le retour à la fois douloureux et libérateur d’une jeune femme vers son enfance.
Un récit court, mais dense et émouvant.
« Je pars. »
Un verbe, tout simple. L’origine et l’aboutissement du récit.
Pourquoi ? « Je veux, oui, me souvenir et dire sans crainte. Je veux avancer. »
Partir vers la maison d’enfance, le passé. Une nécessité. De là (re)partir sur un nouveau chemin. Là où les araignées ne font plus peur… Ce parcours porté par une écriture qui dès ce premier livre, se révèle singulière et maîtrisée, amène la narratrice jusqu’au Secret, enfoui si profond depuis tant d’années, au point d’être sorti de sa mémoire. Mais ce n’est pas la fin du récit, c’est au contraire une ouverture : « Je venais en ces lieux retrouver un passé, je découvre un chemin. » La maison EST l’enfance : y déambuler est une image du cheminement intérieur.
L’autrice conduit fermement son récit pour créer un univers, celui de son enfance revisitée. Mais c’est par petites touches qu’elle dessine et rend peu à peu présents ces lieux. Aucune description n’est en fait gratuite : toutes révèlent les sentiments, les peurs, les joies, de manière indirecte, dans une gravité légère (si je puis me permettre cet oxymore). Des traces perçues, des détails pleins de sens, toujours chargés d’émotions, c’est un monde donné à comprendre par des sensations qui surgit. Un paysage, des fleurs, un bruit, tout est vivant, tout parle et dit aussi que le passé est dans le présent, malgré tout : « La petite lucarne, au-dessus du point d’eau continue de jeter un œil sur le jardin, elle mesure le temps qui passe, surveille la pluie tombante, ou, simplement, guette le porteur de nouvelles. »
Et voici la pièce du secret, une pièce où « les murs se resserrent », où « une odeur refait surface », « une odeur bruyante » : c’est elle qui va faire surgir le souvenir. Elle sait, enfin. « Le secret était dans l’oubli, couverture de survie. »
Libération, renouveau : « Ici commence le chemin ». C’est encore la nature, des éléments du décor, du jardin, un pont, qui racontent sans solution de continuité passé et présent. Il est maintenant temps de passer sur l’autre rive.
La mise en page joue aussi un rôle : elle accompagne la progression, suit la tension que les phrases, brèves, parfois seulement nominales, donnent au récit à certains moments, par des retours à la ligne qui les isolent dans l’espace de la page. La qualité de l’édition est aussi à souligner.
Je ne commenterai pas le titre : découvrir sa signification est aussi un plaisir : il paraît énigmatique et pourtant il contient l’histoire… C’est encore un exemple de cette écriture sensible qui prend le détour d’une image pour dire l’essentiel, l’enfoui et le révélé.
Evelyne Sagnes
C’est le récit fait par une jeune femme qui revient sur des lieux de son enfance, pour retrouver cadre de vie et sensations, mais aussi, et peut-être surtout, pour faire la paix avec un événement énorme qu’elle a subi.
Le récit sait aborder un sujet plus que lourd dans une simplicité qui donne à ce vécu une densité extraordinaire. On est aux antipodes de ces textes hélas trop fréquents et trop médiatisés qui ne parlent que sur le mode du Pathos avec un P majuscule.
Ici la gravité ne diabolise rien ni personne. La victime est juste authentique, retrouvant à la fois les faits et le vécu heureux qu’elle a connu et qui lui permet de vivre.
C’est une courte nouvelle, mais un grand chemin de vie.
L’écriture a l’air toute simple, mais c’est une dentelle ciselée aves l’amour de la vie qu’elle dégage. Et Patricia photographe sait dessiner avec des mots les paysages, les intérieurs, les personnes, les états d’âme.
On est juste …..touché au plus profond.
igolène
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