Une nouvelle enquêtrice aux talents particuliers est née, une nouvelle autrice déploie sa plume.
Un corps, puis un autre. Un troisième. Tous mutilés, portant comme stigmates communs, une inscription peinte au dos de chaque cadavre : un rond ou un carré rouge. Il n’en faut pas davantage pour mettre en alerte les neurones de Charlie, l’enquêtrice, personnage original, aux comportements singuliers. Une co-saisine est décidée mystérieusement, une deuxième enquêtrice est nommée. Se forme alors un duo particulier. Dans un village de campagne, des corps apparaissent, un domaine immense, une famille riche et mystérieuse, tous les paramètres sont en place pour un schéma classique d’un polar. Cependant, la construction du roman qui donne tantôt à entendre la voix du meurtrier, tantôt celle d’un énigmatique vieil homme qui semble enquêter de son côté et des dialogues souvent truculents, en font un roman passionnant et palpitant. L’auteure nous « balade » entre toutes les pistes qu’elle suggère. L’enquête tâtonne. Les premières évidences se perdent dans les méandres des questionnements. La vengeance est au cœur de ce polar et la cruauté comme moteur du meurtrier. Certaines prises de parole du meurtrier nous plongent dans l’horreur de l’âme humaine quand celle-ci a été bafouée. Au fil de ses prises de parole se dessine le profil d’un psychopathe. L’exigence d’écriture de Céline Picard nous donne à voir la psychologie, l’absence de culpabilité du meurtrier. Les scènes qu’elle décrit sont crues, précises, glaçantes comme peut l’être un sociopathe. La science, la génétique, les histoires de famille, terreau propice à Céline Picard pour entrer en écriture.
Plonger dans ce polar où la qualité de l’écriture se joint à une intrigue fortement menée, en est la réussite. L’auteure, scientifique de formation, maitrise son sujet, ce qui rend le récit crédible, documenté sans jamais être inaccessible. Il y a une finesse d’écriture et de construction dans le cheminement de l’intrigue. Chaque personnage a une densité, un caractère, une personnalité. Le mystère lié aux manifestations particulières de cette enquêtrice sème le doute, le trouble et suscite interrogations On replonge dans l’intrigue mais reste sous-jacent des questionnements la concernant. Le suspense est garanti, la tension monte, le dénouement rondement mené et la fin ouverte vers un deuxième opus de cette nouvelle auteure.
Céline Picard est scientifique. Son premier roman Le châtiment du sang est lauréat de l’édition 2021 du Prix du polar non publié. (Source, éditions NOVICE)
Patricia Bouchet
La parole à l’autrice :
Céline, pourriez-vous nous expliquer de quel évènement, incident, indice, part l’idée de ce roman ? Et pourquoi un polar ? Votre formation scientifique, peut-être ?
« En tant que lectrice, la littérature noire est un genre que j’affectionne et ce depuis de nombreuses années. Bien qu’il existe plusieurs sous-genres, j’aime le côté « enquête » et « suspense » avec des pistes ou des indices semés au fil des pages et qui nous orientent vers le coupable. C’est certainement pour cette raison que je me suis lancée dans l’écriture de ce roman. De plus, je trouve que c’est un bon moyen de dépeindre la noirceur du monde. Quant à l’idée de départ, il n’y a pas eu de déclencheur mais plutôt des pensées qui s’agencent au fil du temps.