Nous reprenons cet article de Dan Burcea sur son blog LETTRES CAPITALES. Il vient de recevoir le prix Rive gauche à Paris, meilleure revue littéraire.
Nous le remercions de ce partage.
Dan Burcea : « Mon seul désir reste toujours le même: faire aimer au plus grand nombre de lecteurs la littérature, cet « unique miroir en mesure de contenir notre reflet sans se briser », comme le dit si bien un de mes auteurs préférés et ami, Yasmina Khadra. »
Le livre de Laurent LD Bonnet Le dernier Ulysse est le troisième volet de la tétralogie de la quête en cours d’écriture qui comprend jusqu’à présent trois volumes : Salone (Prix Senghor 2013) – Dix secondes, roman hommage au poème de Baudelaire, “À une passante”.
Ce troisième roman est écrit D’après le Reliquat Onirique d’Alexandre Mauvalant, comme le précise son sous-titre, alors que son Prélude nous avertit sur sa nouveauté, « le premier du genre », nous promettant « qu’il fera débat à toutes les époques ».
Plusieurs précisions s’imposent à ce stade afin de bien tracer les pistes de ce récit qui semble se jouer allègrement de la fiction pour mieux nous attirer vers les contrées du rêve. Signalons ainsi le premier indice qui nous est offert dès les premières lignes du récit et qui pourrait être considéré comme une ouverture incontestable vers le romanesque : « En toute une vie un auteur de fictions n’écrit que quatre mots : Il était une fois. Puis, il confie la suite aux personnages… ».
Usant d’un vrai stratagème narratif, Alexandre Mauvalant, personnage du roman et auteur connu pour avoir publié des nouvelles et des poèmes, confie le rôle d’écrivain-voyageur à un de ses personnages qu’il décrit comme « un drôle de gars, une sorte de messie récalcitrant, héros d’une Nouvelle d’anticipation qui […] avait remporté un succès d’estime ». En réalité, ce personnage à peine dissimulé, n’est qu’une marionnette entre les mains de l’auteur, son alter ego, qui lui fait prononcer comme un ventriloque avec tout autant d’habilité des mots qui reflètent les idées qu’il a dans la tête. Au détour d’un dialogue tenu lors d’une rencontre de promotion d’un de ses livres dans une librairie de Vincennes, ce personnage bizarre ose répéter la fameuse idée que l’auteur lui souffle à l’oreille ; Le chemin modifie l’homme de manière aussi certaine que l’accomplissement. Nous reconnaissons bien ici entre autre une allusion à la fameuse citation d’Antonio Machado dans Campos de Castilla (1917): « Caminante! No hay camino, se hace camino al andar » ( Marcheur, il n’y a pas de chemin, Le chemin se construit en marchant).
Ce mot d’ordre joue dans l’économie du récit de voyage le rôle du point déclencheur et celui de l’encrage dans la subjectivité du protagoniste principal Alexandre Mauvalant. Bousculé dans son quotidien, il finira par reconnaître, dans « [s]on rapport au temps, aux lieux, aux gens, aux genres, et à [s]on inspiration », qu’il ne sait pas trop bien quel forme donner à cette envie de dépassement que contient la phrase prononcée de manière quasi inconsciente lors de la soirée de promotion.
La réponse quant à la destination du voyage ne tardera pas à se faire connaître. Cet appel vers le large sera incarné par la lettre d’une mystérieuse dame au nom pittoresque, comme il se doit dans tout bon roman, Anna Ivanovna Maria Rosseló habitant à Saint Peter Parish dans la Montserrat Island dans les Antilles britanniques. L’écrivain-voyageur ne tardera pas à informer cette énigmatique complice des conditions du voyage : pas de moyens rapides de voyage, pas d’avions, donc, juste de la marche et de la navigation en bateau, en partant de France, via l’Espagne et le Portugal, le Gibraltar, l’Afrique du Nord et encore en bateau vers la destination finale.
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