Le narrateur est un chanteur qui a eu ses heures de gloire avec sa chanson « cœurs déchirés », désormais considéré comme ringard, il trouve refuge dans l’hôtel-pension tenu par Jésus. Il finit par prendre ses quartiers dans ce lieu où vivent des solitaires sans attaches, une « bande d’handicapés sentimentaux » au célibat non choisi qui vivent la nuit en enchainant les discussions autour du juke-box. Chacun paye sa chambre selon ses moyens du moment, il y a là deux anciens taulards, un ancien catcheur, une représentante en encyclopédies, un simple d’esprit, un architecte qui a réussi à amener la mer à Paris… Ces laissés pour compte de la société vivent là paisibles et solidaires; ils ont reconstitué la famille qui leur manque.
Une jeune fille a l’habitude de les rejoindre le soir après avoir quitté la caisse de son supermarché, elle aussi finit par s’installer dans ce lieu où elle se sent bien, ses compagnons la prénomment Jolene du nom de la chanson qu’elle écoutait tous les soirs au juke-box. Jolene la femme forte de la chanson de Dolly Parton. Jolene n’est pas particulièrement belle, elle est mal coiffée, porte de grosses lunettes et est en surpoids « même son enfance n’est pas belle. »
Un coup d’éclat de Jolene face à un employé qui vient relever le compteur à gaz va forger sa réputation de personne qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. La rumeur aidant, l’hôtel attire toutes sortes de « recalés de la société », la légende de Jolene et du bar de Jésus sont nées. Jolene a réussi à faire le lien entre tous ses compagnons « Elle a réussi à créer un « nous » avec des gens qui n’étaient jamais parvenus à être un « je ». » A partir de ce jour vont converger vers l’hôtel tous ceux qui sont en colère, victimes de petites violences au quotidien, victimes d’humiliations, de moqueries par rapport à leur physique, leur origine… Des invisibles, des bras cassés, des estropiés sociaux que Jolene accueille et écoute dans cet hôtel devenu quartier général d’un combat pour le droit à exister.
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