La lecture d’Igolène.
Ça n’est pas un roman, on est même bien loin du domaine de la fiction. C’est une plongée dans le réel de la « Présentation », des animaux dans un zoo, dans ce monde des Mammifères auquel, c’est l’un des postulats du livre, nous, les êtres humains, nous appartenons.
On serait presque dans un essai, mais Le Zoo Vidé, est avant tout un LIVRE D’ARTISTE. Agnès Rosse est une artiste polyglotte, ses langages sont aussi bien les mots que le dessin ou les images. Elle manipule le stylo, le clavier, le crayon, le pinceau, l’appareil photo, la caméra, en choisissant pour chaque idée l’outil et le langage justes.
« Le zoo vidé est un projet sur les grands mammifères terrestres que je suis allée visiter dans les zoos, dans leur milieu naturel et au Muséum national d’histoire naturelle. C’est un ensemble protéiforme qui mixe textes, vidéos, dessins, peintures, objets réalisés dans divers lieux entre 2009 et 2018. »
Le titre relate la grande expérience conduite par l’artiste dans les espaces du zoo de Vincennes dont les pensionnaires sont en voie d’évacuation pour permettre des travaux. Le parcours passe aussi par tous les recoins du Museum d’Histoire Naturelle, mais la pleine nature est présente : on côtoie les girafes au Niger, les lions au BioParc de Doué-la-Fontaine et au ZooParc de Beauval.
Ces visites mettent en scène toutes les facettes du travail des scientifiques avec ces « grosses bêtes ». L’insémination artificielle pour lutter contre la disparition d’espèces, et la taxidermie sont peut-être deux des moments les plus forts.
Mais le fil rouge qui fait exister le livre, c’est cette « parenté », qui unit hommes et bêtes qu’une mère a portés dans son ventre et qui ont tété la mamelle maternelle. Agnès Rosse termine le prologue du livre par cette question :
« Et si nous ne refoulions pas avec constance l’évidence que nous sommes des mammifères, le monde irait peut-être mieux, non ? »