Une lecture d’Igolène.
Ce n’est pas un roman, StéphanieSchwartzbrod n’a inventé aucune histoire et ne cultive aucun suspense. Mais quel voyage ! Une année entière de pérégrinations, ou pourrait dire de « processions », au cœur des retrouvailles régulières auxquelles les trois « grandes » religions monothéistes convoquent les fidèles, avec pour focus les traditions gastronomiques qui se rattachent à chaque événement. Depuis l’Épiphanie chrétienne en janvier jusqu’à la Hanoucca juive en décembre, on « célèbre ensemble et à table », la naissance, la mort, la lumière, le passage, le pardon, la communauté…… Ça n’est surtout pas un catéchisme, pas besoin de savoir les vies de Jésus, de Moïse ou de Mahomet. L’important c’est que la vie d’une société se construit sur des valeurs qu’il est nécessaire, régulièrement, de se redire. Pour se parler on se rassemble, et quand on est ensemble on se met à table et on prépare des mets qui ont un sens.
Bien sûr il est question du savoir-faire de chacun de ces repas de fêtes, et les recettes sont données, (et appétissantes) ; mais on est bien loin de ces encyclopédies de cuisine qui n’ont…..aucune âme ! …et le pourquoi on cuisine n’est pas effacé par le comment on le fait.
Lorsqu’on referme le livre, on a juste compris tous les hommes, sous tous les cieux, ont besoin des mêmes lumières. Ce serait comme un « Livre de Paix ».
C’est un voyage à la fois joyeux et sérieux, dans un style qui ne cherche pas d’ornements, avec, en soubassement, un fonds documentaire qui force l’admiration.
Interview à La Maison de la Poésie sur « la cuisine de l’exil »