La lecture d’Evelyne Sagnes.
Une société, la nôtre, aujourd’hui, qui pousse les êtres à de terribles extrémités, les broie et leur fait perdre leur dignité.
Dans cet environnement, un beau personnage de femme battante, Anna, que la vie n’a pas ménagée.
Son fils Léo, qui pour l’aider se laisse entraîner dans des actions délictueuses. C’est lui aussi qui l’inscrit à un jeu télévisé qui peut rapporter gros, mais complètement absurde. Léo, ce qu’il aime avant tout, c’est surfer. La mer. La liberté. Comme son père. Anna, elle, ne va plus en mer.
L’amour entre ces deux êtres qui tentent de se sauver mutuellement.
Savoir « prendre les vagues », garder le cap, rester debout, le peut-elle encore alors que les ennuis et les déceptions se succèdent sans répit et que l’avenir est tempétueux ? Jusqu’où aller ?
Une écriture qui varie les rythmes, très réaliste, qui n’édulcore rien, beaucoup de dialogues et aussi un vrai souffle lyrique.
Extrait
Anna regarde derrière elle, la vague suivante se casse et déferle vers eux. « Mets toi en ligne, allez ! Tu y arrives, Léo ! »
Léo s’allonge comme il peut sur la planche, sa mère se couche sur lui.
« Bouge pas, on y va comme ça ! »
Il y a tous ces gestes qui lui reviennent, tendre son dos, pagayer en roulant des épaules, la tension qu’elle met dans son bassin, le bas du dos et les jambes qu’elle soulève pour ramer plus vite. Il y a Léo à 4 ans assis à l’avant de la planche, et Anna qui se lève et surfe dans la mousse en ligne droite vers la plage. Il y a le rire de son enfant et celui de Luis qui les attend les pieds dans l’eau.
Ça lui fait mal. Ça la soulage.
les larmes se mélangent à l’eau.
Retrouver ces gestes, les reprendre depuis le début.
Là-haut, les dieux hawaïens de Lono et Nu’akea.
Le vent et la houle.
Il fait aimer le sel.
L’eau.
Le vent.
Cet instant-là est une joie féroce, effaçant tout le reste.
Le camion, les poulets.
La brûlure.
Cette fin de vague les ramène lentement vers la plage, écrasés l’un sur l’autre, le mouvement du ressac les dépose avec douceur sur le rivage. »
En exergue cette citation de Rodolphe Barry : « C’est maintenant ou jamais. Dans la vie, c’est toujours maintenant ou jamais. »