La médiathèque intercommunale de Forcalquier a invité Marie Cosnay à propos de sa traduction des Métamorphoses d’Ovide.
Samedi 8 avril, 4, avenue de l’Observatoire à Forcalquier.
Éditions de l’Ogre, 2017, Livre de Poche, 2020
Traduire non pas « du latin » mais la langue d’Ovide.
Se pencher sur les quatre premiers vers dans le détail pour mettre en lumière les questions que s’est posées la traductrice et les choix qu’elle a faits.
Donner un aperçu de l’ensemble du texte, de sa structure.
Lire l’épilogue : « S’il y a quelque chose de vrai dans les oracles d’un poète, je vivrai. » Un livre « perpetuum ». Sans fin.
Aujourd’hui encore.
Présentation par l’éditeur
La traduction
La traduction d’un livre aussi extraordinaire que Les Métamorphoses d’Ovide relève d’une forme de folie. Imaginez : une traduction fleuve de plus de dix ans et de quelque 12 000 vers. Pourtant ce projet semble découler naturellement de l’activité d’écrivaine et de traductrice de Marie Cosnay. En 2006, alors que Marie Cosnay enseigne les lettres classiques au collège depuis de nombreuses années, les livres X, XI, XII des Métamorphoses d’Ovide sont inscrits au programme du baccalauréat littéraire. L’Éducation nationale utilise des adaptations vite éditées de l’une des traductions existantes des Métamorphoses, versions qui permettent au lecteur d’avoir accès au contenu mais pas à sa dimension littéraire et poétique. Alors, Marie Cosnay se lance dans la traduction de ces trois chants à destination des Terminales. La première réaction des jeunes élèves et de leurs professeurs, c’est qu’ils n’imaginaient pas Ovide si contemporain. Si contemporain ! Le projet est lancé, et elle reprend Les Métamorphoses depuis le livre I pour en achever la traduction en juin 2016. On imagine la constance et l’énergie incroyable qu’il a fallu puiser pour en arriver à bout. Une nouvelle traduction donc, qui vient s’ajouter à celles de Georges Lafaye et d’Olivier Sers aux Belles Lettres ou à celle de Danielle Robert chez Actes Sud.
Non seulement Les Métamorphoses fait partie de ces œuvres qui méritent et appellent plusieurs traductions, mais il en manquait une, celle qui révélerait toute la modernité de l’écriture d’Ovide et qu’on lirait non pas comme un texte antique, mais comme de la poésie ou comme un roman d’aventure.
Traduire, c’est construire à partir de ce qui a été construit, recommencer en partant des mêmes principes. On en rajoute une couche : on re-re-fait le monde, le nôtre, en partant de très loin, celui du vieil Ovide d’il y a 21 siècles. Il s’agit de sortir Ovide du décor et des classes de latin, et de réussir avec Ovide ce que Jean-Michel Déprats a fait avec Shakespeare ou André Markowicz avec Dostoïevski. Le latin d’Ovide est novateur, c’est un latin qui lui est propre (qui est fait de plein de choses, de grec, de pas mal de Virgile, etc.). Quand il écrit Les Métamorphoses, il n’obéit pas tout à fait aux règles et aux codes littéraires de son époque. C’est cette originalité que Marie Cosnay tente de traduire. Durant toutes ces années, quand elle écrit, c’est avec le compagnonnage d’Ovide, et quand elle traduit, c’est toute la diversité de son écriture, au croisement du récit, de la poésie et de la réflexion politique, qui converge vers un but, rendre aux Métamorphoses sa dimension orale, populaire et contemporaine.
Le livre
Les Métamorphoses, c’est un livre monstre par sa forme et par son projet, un poème de 15 livres qui rassemble en quelque 12 000 vers le récit de 246 fables racontant les métamorphoses des dieux et des héros, depuis le chaos originel jusqu’à la métamorphose de Jules César en étoile. C’est un texte tellement important qu’il irrigue tout un pan de l’art et de la littérature. Même si vous ne l’avez pas lu, vous en avez forcément des images ou des fragments d’histoires. Ovide pioche dans l’immense répertoire des mythologies grecques et romaines et recompose sa propre épopée pour nous raconter le monde. Ovide est un poète de l’amour, du désir et de l’orgueil, et ce qu’il nous livre est un immense roman d’aventure.