Éditions Les Prouesses, Un chant écarlate de Mariama Bâ

Une nouvelle maison d’édition, Les Prouesses,
le premier livre publié : Un chant écarlate, de Mariama Bâ

Laissons d’abord la parole aux jeunes éditrices, Flora Boffy-Prache et Zoé Monti-Makouvia

« Les Prouesses publient des œuvres littéraires qui font résonner des voix féminines venues du monde entier, pour agrandir les imaginaires et ouvrir à d’autres sensibilités.
Nous éditons des œuvres intimistes, poétiques, hybrides et surprenantes, des parutions ou des traductions inédites en France afin de remettre en lumière des classiques qui ont marqué l’histoire de la littérature au féminin. »


Un chant écarlate est un roman publié pour la première fois en 1982 aux Nouvelles Éditions Africaines du Sénégal, Dakar.

Ousmane, issu d’un milieu très modeste à Dakar, rencontre une jeune Française, Mireille,  dont le père est en mission au Sénégal. Tous les deux poursuivent leurs études de philosophie. Un jour le père de Mireille découvre leur relation et renvoie sa fille en France. Les amoureux correspondent et finissent par se marier. Ils reviennent alors vivre au Sénégal. Comment ce coupe mixte va-t-il (sur)vivre ?

Apparemment une histoire assez banale, si l’on s’en tient à ce résumé. Ce qui ne dessert pas l’intérêt du livre, puisque l’autrice en fait un couple emblématique et conforte ainsi son projet. En effet, Mariama Bâ s’attache à dénoncer, par le biais de la fiction, une société dont l’intolérance aux différences de cultures malmène, voire détruit les êtres, quels que soient leur  statut social ou leur degré d’instruction. Elle pointe aussi la place faite aux femmes, dans une société patriarcale où les coutumes ne peuvent être remises en cause. En les décrivant de manière concrète et précise, telles qu’elles sont vécues au quotidien, l’autrice invite le lecteur à se confronter à la réalité.

En effet, l’écriture de Mariama Bâ s’attache à rendre sensibles les émotions, à peindre et à donner à voir les lieux. Le début du roman par exemple décrit les rues de Dakar à travers la progression d’Ousmane vers son école, et aussitôt les images sont là dans cette description en mouvement. un détail au passage : on remarquera que l’autrice aime beaucoup les points d’exclamation, un signe de ponctuation censé exprimer l’émotion dans le propos. C’est sans doute un effet de la passion qui l’anime et qu’elle insuffle à son roman.
Et c’est l’une des grandes qualités du texte : on y sent l’investissement et l’implication de Mariama Bâ. Elle raconte une histoire, fort bien d’ailleurs, mais le romanesque est plutôt un détour pour faire entendre un discours politique.

La toute nouvelle maison d’édition, avec ce premier livre, donne le ton de ses publications : faire entendre des voix de femmes, des voix qui portent loin et longtemps.

Ajoutons pour terminer que l’objet-livre lui-même est très beau et très élégant.


Marchons avec Ousmane !

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