Caroline Boidé, Une femme en crue

Éditions Bruno Doucey (4 mars 2021)

L’autrice
Caroline Boidé, née en 1981, est romancière et poète. En 2014, elle publie un premier recueil, Pivoine aux poings nus, qui obtient le prix de poésie Vénus Khoury-Ghata. Les deux femmes s’attachent alors profondément l’une à l’autre, et écrivent un recueil ensemble, Kaddish pour l’enfant à naître, qui paraît aux Éditions Bruno Doucey en 2017. Son œuvre littéraire interroge les lignes de faille du corps social et de l’intime. En 2020, les Éditions Bruno Doucey publient Une femme en crue.

© Daniel Mordzinski

Il est un mot qui vient à l’esprit à la lecture du livre de Caroline Boidé : c’est le mot puissance.
Puissance du désir, puissance de l’écriture, l’un(e) mimant l’autre, dans un même mouvement. Pulsations du texte dont les rythmes varient de page en page.

Trois parties dans ce poème narratif
L’homme de la taille du torrent,
La femme en crue,
Volupté.

L’homme de la taille du torrent, la femme en crue : les images choisies par l’autrice pour désigner les « personnages » disent l’emportement, le débordement, les sensations à leur paroxysme. La chair en splendeur et violence.
Homme dévoré par la perte et l’absence, femme en crue tourmentée par la faim de l’homme.
Le troisième personnage est la noyée partie sans le consentement de l’aimé, qui du fond de l’océan, retient l’homme de la taille du torrent loin de la femme en crue, et lui parle encore.


La femme dit emportée
L’homme répond solitude
Elle dit aurore
Il répond crépuscule
Elle dit corps à corps
Il répond corps hors d’atteinte

Vient le temps du désir partagé, images des corps (con)fondus avec les éléments naturels, force vitale, énergie :

L’homme de la taille du torrent imagine la femme en crue
Sismique des chevilles aux cheveux
Cabrée sur les eaux

Ses vagues bouillonnent
se soulèvent
font jaillir l’écume

Sous le soleil des loups
il regarde les éclairs que fait le corps de la femme
ses coulées sur la mer
qui tend ses bras de nuit

Les algues déchirées sur ses flancs se dispersent sur lui

Serait-elle le désir revenu quand la mort cherchait à tout
noyer

Le recueil se clôt… ou plutôt s’ouvre largement sur l’image de l’embrasement et l’infini flamboyant.


Le désir a allumé un bûcher dans ses os durs
jeté sa lumière sur les cendres

et ouvert la poitrine de la femme pleine d’écume
[…]
Tandis qu’ils gagnent le large
les champs rougissent
la robe de la femme flambe


Un métal d’or court sur les eaux



L’extrait choisi par l’éditeur pour la 4ème de couv’

Lecture à la Maison de la poésie à Paris (10 février 2021)

Le désir – Aux couleurs du poème, Anthologie du XXIIIe Printemps des poètes (publiée aux Éditions Bruno Doucey)

Avec Nawel Ben Kraïem, Caroline Boidé, Nassuf Djailani, Louis-Philippe Dalembert, Bruno Doucey & Murielle Szac

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